samedi 12 février 2011

Pourquoi faire de la BD ?


On a beaucoup parlé ces derniers temps sur le Net des problèmes de l'Association (c'est d'ailleurs dans ces moments que l'on se rend compte à quel point le Net permet une circulation plus rapide de l'information). Je ne les résumerai pas ici : si vous n'êtes pas encore au courant, allez sur actuaBD, lisez sur du9 la discussion suivant cet article et allez voir le blog de soutien aux salariés de l'Association en grève (qui viennent de cesser leur grève, soit dit en passant).
Ce qui me paraît le plus intéressant dans cette affaire, c'est que l'Association, comme les autres structures d'édition créées dans un cadre juridique a priori non commercial (Ego comme X, la Cafetière, etc.) est amenée à se poser encore et toujours la question du pourquoi de son existence. Puisque notre maison d'édition n'est pas destinée à faire des bénéfices, pourquoi éditons-nous ? Au début des années 1990, la réponse était simple : pour publier une bande dessinée différente de celle qui est proposée par les éditeurs existants. Vingt ans après, alors que les éditeurs commerciaux publient désormais cette "bande dessinée différente", pourquoi continuer ? La réponse est assez simple : même si l'édition commerciale a élargi le champ de ce qu'elle publie en matière de bande dessinée, que ce soit au niveau des thèmes ou des graphismes, il paraît évident qu'il existe encore des œuvres ou des auteurs "impubliables" - trop jeunes ou trop en avance, parfois, trop inclassables, souvent, pour intéresser à long terme une entreprise à vocation commerciale, sauf dans le cadre d'un improbable mécénat.
Il me semble qu'aujourd'hui, la raison d'être de l'Association n'a pas changé, et que les aléas de la marche d'une entreprise - car l'Association est aussi devenue, au fil des ans, une petite entreprise - ne doit pas faire oublier le pourquoi de l'affaire. De même que dans L'Art invisible de Scott McCloud (dont j'ai "emprunté" ici quelques cases), l'auteur de BD peut être amené à se poser la question du pourquoi de son activité à un certain stade de son évolution en tant qu'artiste, il peut aussi se trouver confronté à l'impossibilité de se réaliser artistiquement dans les cadres éditoriaux existants. Dans ce cas, "faire de la BD" n'est plus seulement l'acte artistique de création mais aussi donner à cette création une forme susceptible de toucher un public - c'est-à-dire éditer.

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