mercredi 13 juillet 2011

Une lecture

C'est parce que je m'intéresse depuis longtemps au travail de Dominique Hé que l'un de mes amis m'a donné le dernier album de la série Secrets bancaires USA : Norman Brothers, qu'il dessine sur des scénarios de Philippe Richelle.
Évidemment, Norman Brothers n'est pas nécessairement le meilleur point d'entrée dans une histoire, s'agissant de la deuxième moitié d'un récit en deux parties dont je n'ai évidemment pas lu la première. Cependant, je n'ai pas eu l'impression d'avoir raté grand chose et je me suis même demandé si les auteurs n'auraient pas eu intérêt à réaliser un seul gros album de soixante ou soixante-dix pages plutôt que deux quarante-six pages qui obligent le lecteur de la première partie à revenir un an plus tard pour savoir la fin, si tant est que cela l'intéresse encore. Parce que cette histoire d'enquête sur le "suicide" d'un trader qui avait mis sa banque en grosses difficultés financières n'a pas beaucoup plus d'intérêt, et même moins, sans doute, que la même chose racontée sous la forme d'un épisode d'une série télé. Comme j'ai dû lire l'album en une vingtaine de minutes, une version télé aurait pris à peu près la même durée que la lecture des deux tomes. Et il y aurait un nouvel épisode la semaine prochaine, pas la moitié d'un épisode dans un an. En comic book, cela aurait donné la matière à six numéros mensuels d'une série, repris ensuite sous forme de trade paperback vendus en librairie.
Je suis vraiment gêné de ne pas être plus enthousiaste vis-à-vis de quelque chose qui a quand même demandé deux ans de travail à ses auteurs (un an par album). L'intérêt de cette BD ne me paraît pas être dans la "passionnante plongée dans les plus hautes sphères de la finance" que promet la quatrième de couverture mais plutôt dans l'intérêt humain que l'on peut trouver dans l'histoire du trader décédé, de ceux qui ont commandité ce qui s'avère être un meurtre (pourquoi l'ont-ils fait ?) et dans la vie quotidienne de Capelli et Horowitz, les deux policiers qui mènent l'enquête. Or, quarante-six pages par an, ce n'est vraiment pas beaucoup pour plonger le lecteur dans cette humanité. On reste plutôt au niveau du cliché, par exemple Horowitz se faisant du souci pour sa petite famille (sa fille a une otite) et la petite famille se faisant du souci pour Papa quand celui-ci est blessé au cours de l'enquête. Et puis, un petit cliché pour moi, qui regrette le manque de personnages gays dans la BD franco-belge : le trader était en relation avec un prostitué cocaïnomane.

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