lundi 12 mars 2012

Le Musée invisible

On va dire que je ne suis pas rapide, mais ce n’est qu’aujourd’hui, un mois et demi après le festival d’Angoulême, que je viens de m’en rendre compte : je n’ai toujours pas visité le Musée de la Bande Dessinée. Et pourtant, j’étais présent au festival, et cette année j’ai eu le temps de visiter les expositions. Dont une très belle expo intitulée « Le Musée privé d’Art Spiegelman » qui se trouve occuper les locaux dévolus d’ordinaire aux collections permanentes du Musée de la BD. Et qui va continuer à les occuper jusqu’au 6 mai, date de son décrochage.

On a beaucoup commenté l’état de concurrence qui existe, de fait, depuis quelques années, entre le Festival International de la Bande Dessinée et la Cité de la BD. On peut la déplorer, mais elle n’a pas que des effets négatifs, puisque l’édition 2012 du festival voyait l’inauguration de deux expositions liées à la présidence d’Art Spiegelman. Une exposition rétrospective était consacrée à l’œuvre du créateur de Maus, organisée par le Festival et installée, comme il est de tradition, dans le bâtiment Castro de la Cité de la BD, que l’on appelait Centre National de la Bande Dessinée (CNBDI pour faire court) avant son intégration au sein de la Cité, qui regroupe outre ce bâtiment, le Musée de la BD et la Maison des Auteurs. Et dans le même temps, le Musée de la BD accueillait dans ses murs l’exposition « Le Musée privé d’Art Spiegelman ». Il n’y avait pas, à ce niveau, concurrence, mais bien complémentarité, et le résultat était une proposition très riche, qui justifiait à elle seul le déplacement à Angoulême cette année.

Mais dans l’affaire, il faut bien reconnaître aussi que le Musée de la Bande Dessinée a été sacrifié. Rappelons que ce musée qui avait ouvert ses portes en 1991 dans l’actuel bâtiment Castro avait été fermé en 1999, les collections permanentes étant présentées dans le cadre d’une série de « Musées imaginaires de la Bande Dessinée » à partir de janvier 2003. L’actuel Musée a été inauguré en juin 2009. Concrètement, cela veut dire que le « vrai » musée a été fermé pendant dix ans, et que le voilà de nouveau fermé pendant plus de trois mois à peine deux ans et demi après sa réouverture. Et ce justement pendant le Festival de la BD, qui est le moment de l’année où ce musée connaît sa fréquentation maximale.

Certes, on pourra toujours m’objecter que je n’avais qu’à me remuer un peu plus en 2010 et 2011 et trouver le temps d’aller le visiter, ce fameux musée. Ce à quoi je pourrais répondre que si le propre d’une collection permanente n’est pas justement la permanence, alors quel est-il ? Un visiteur passant au Louvre à n’importe quel moment de l’année s’attend à y trouver la Joconde, celui du MoMA de New York les Demoiselles d’Avignon. Pourquoi un visiteur passant au Musée de la Bande Dessinée n’y trouverait-il pas ce qui est décrit sur le site de la Cité de la BD ? Je sais que nous vivons à l’ère du virtuel, mais il me semble dommage que le Musée de la BD, après avoir vécu une décennie dans l’imaginaire, entre de plain pied dans l’invisibilité.

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