mercredi 27 avril 2011

Where the Wild Things Are Not

En ce moment précis, je suis un peu énervé contre Maurice Sendak. Ce qui est parfaitement ridicule, j'en conviens, étant donné que je ne connais pas personnellement le célèbre auteur de livres pour enfants responsable, entre autres de Max et les Maximonstres (titre d'origine : Where the Wild Things Are). Alors pourquoi suis-je en colère contre ce monsieur que je ne connais même pas ? Parce que je viens d'apprendre que Maurice Sendak est gay, qu'il a fait son coming out en 2008 à l'occasion d'une interview dans le New York Times, et qu'il a vécu une relation de cinquante ans avec le psychanalyste Eugene Glynn, mort en 2007.
Il se trouve que je possède un livre intitulé The Art of Maurice Sendak, paru en 1980, où Eugene Glynn est à peine mentionné. À la lecture de ce bouquin, on retire l'impression que Sendak ne partage sa vie avec personne d'autre que ses chiens. Apparemment, une suite est parue en 2003, The Art of Maurice Sendak : 1980 to the Present, écrite par Tony Kushner, qui parle de la relation entre Sendak et Glynn ou, en tout cas, ne l'ignore pas d'une manière aussi retentissante.
Il n'empêche : j'en veux à Maurice Sendak d'être resté aussi longtemps dans le placard. Certes, il avait de bonnes raisons : il ne voulait pas que ses parents soient au courant de son homosexualité et il pensait, à juste titre sans doute, que sa révélation aurait nui à sa carrière d'auteur de livres pour enfants. Mais de là à attendre aussi longtemps, je trouve que c'est un peu fort.
J'ai acheté The Art of Maurice Sendak en 1985 et j'ai tout de suite adoré ce livre, non pas à cause de l'œuvre de Sendak, que je ne connaissais que de loin, mais pour sa description de la vie d'un artiste qui était un peu, pour moi, une vie rêvée. Evidemment, c'était une existence apparemment assez solitaire mais bon, peut-être Sendak n'avait-il pas de sexualité ? Le fait qu'il présentât feu sa chienne Jenny comme "l'amour de sa vie" semblait aller dans ce sens. Je me rends compte aujourd'hui que cette fausse impression était voulue. "I just didn't think it was anybody's business, " dit-il dans son interview du New York Times.
C'est le moins que l'on puisse dire.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mouais.

J'ai plusieurs bouquins du type "The Art of" dont les sujets ne s'épanchent guère sur leur sexualité, leur vie de couple ou de horde, et qui fait la bouffe à la maison. Je soupçonne même une bonne partie d'entre eux d'être hétérosexuels, et de penser que les détails de leur vie privée soient tout à fait le sujet.

Jean-Paul Jennequin a dit…

Je veux bien, mais là on a vraiment l'impression que Maurice vit seul avec ses toutous velus. Eugene est mentionné en tout deux fois : une quand c'est lui qui emmène la chienne Jenny chez le vétérinaire pour la faire piquer, l'autre à propos d'un mois de vacances au Pays de Galles. Ça fait pas lourd pour (à l'époque) vingt-trois ans de vie commune.

Manticore a dit…

Le lecteur qui s'intéresse particulièrement à ce sujet aurait pu se demander comment il se faisait que c'est un vague psychologue de ses amis qui se charge de faire euthanasier la chienne et qui l'accompagne dans ses vacances au Pays de Galles.

Une chose qui m'ennuie davantage, ce sont ces acteurs qui trouvent le moyen de forcer au pied de biche une place pour glisser une référence à leur femme/mari et à leurs vingt-six enfants qui sont la lumière de sa vie dans sa réponse à une question qui portait sur tout autre chose, mais qui fait partie d'une interview suivant la prestation de l'artiste en question dans une œuvre où il/elle joue un personnage gay. Histoire de dissiper tout malentendu.

Et puis ça dépend juste des personnes, point final. Écoutant les diverses interviews de gens connus dans l'excellente émission de la BBC Desert Island Discs, j'ai été amusé et surpris d'entendre l'actrice Myriam Margolyes déclarer, à propos de l'hymne "Jerusalem": "Je l'aime beaucoup parce que ça me rappelle une femme avec qui j'avais une liaison et qui m'a dit que les 'Arrows of burning desire' étaient ce qu'elle ressentait en me voyant!"

Mais qu'est-ce qui se passe, sur Blogger? Ça fait dix fois que j'essaie d'envoyer ce foutu message, et qu'à chaque fois que je valide, il me suggère de créer un blog ou de me connecter par mon compte Google! ò___ó