lundi 24 mai 2010

Gays et super-héros : une question mal posée

C'est une notice dans la Lettre de la Cité de la Bande Dessinée qui m'a informé de l'existence d'un article intitulé "Les super héros sont-ils gays ?" sur le blog Comics Screen. D'habitude, je mets rarement des commentaires dans les blogs que je ne fréquente qu'occasionnellement, mais là je me suis senti forcé de rectifier quelques-unes des erreurs les plus flagrantes de cet article pourtant bien intentionné.
Je ne suis pas arrivé à tout couvrir dans mon commentaire, tant l'article contenait d'erreurs factuelles et d'approximations (pour n'en citer qu'une : Kyle Rainer n'est pas gay - c'est un de ses amis qui a été révélé comme gay et fut par la suite victime d'un gay bashing). Le fait de mélanger les incarnations des super-héros en BD, à la télévision et au cinéma n'aidait évidemment pas à simplifier le propos, mais c'est le thème de Comics Screen, donc on ne va pas critiquer ce point-là aussi.
Ce qui me gêne le plus, dans cet article, c'est l'attitude qui consiste à calquer ses méthodes de travail sur ce qui se fait de pire dans la presse écrite : aborder un sujet à l'occasion d'un "événement" (comme si, le reste du temps, le sujet n'avait aucun intérêt), choisir un titre et un angle d'approche très larges et tenter de le traiter alors que l'on ne maîtrise visiblement pas le sujet.
Dans le cas qui nous occupe, un article sur l'homophobie dans les comics de super-héros aurait été plus raisonnable, voire un article sur un exemple d'incident homophobe en rapport avec les comic books. Il y aurait déjà beaucoup de choses à dire sur un tel sujet.
Ainsi, il est désormais quasi-obligé, dans tout article sur les gays dans la BD américaine, de faire référence à l'accusation d'homosexualité portée sur Batman et Robin par le docteur Fredric Wertham en 1954 dans son livre Seduction of the Innocent. Or, cette accusation est clairement homophobe.
La question de savoir si Batman et Robin sont "vraiment" gays ne signifie absolument rien (ils le sont autant que leurs auteurs les font). En revanche, le fait d'accuser quelqu'un de propager une image positive de l'homosexualité dans un média pour la jeunesse en 1954 est lourde de sens. Il s'agit bel et bien de manipuler l'homophobie de la société pour noircir encore un peu plus les comic books, que Wertham accusait d'encourager la délinquance juvénile. En 1954, l'homosexualité fait partie des "maux" contre lesquels les autorités américaines entendent lutter.
Quelle influence cette accusation a-t-elle eu sur les dispositions du Comics Code, en particulier celle interdisant les "perversions sexuelles" ? Quel effet a-t-elle eu sur la série Batman ? La création de Batwoman est-elle vraiment une conséquence directe des accusations de Wertham ou est-elle due à d'autres causes ? Notons que le personnage apparaît peu dans la série, en tout cas bien moins que Lois Lane dans Superman. Dans les années 1950, la journaliste Vicky Vale est un personnage bien plus régulier et sa création date de 1948. Le fait que Batman soit considéré comme camp dans les années 1960 a-t-il un lien direct avec le livre de Wertham ou bien est-il dû à la popularité de la série télé, série qui part du principe que tous les super héros sont camp ?
Il y aurait, je pense, matière à plus d'un article sur la représentation (et la non-représentation) des gays dans la bande dessinée en général, et dans les comics de super-héros en particulier. Idem pour l'homophobie. En se posant des objectifs modestes, les blogueurs éveilleront davantage la curiosité de leurs lecteurs et leur donneront plus matière à réflexion.

vendredi 21 mai 2010

Alzheimer et cinéphilie

Eh bien voilà, Pierre est rentré à la maison et a désormais plusieurs fois par jours des visites d'infirmiers et d'aides-soignantes. Un superbe lit médicalisé trône au milieu du salon, la télé a été mise dans un coin. Hier, mon ami Caspar est passé me voir et nous avons regardé le DVD du film La Clepsydre, de Wojciech Has, d'après l'œuvre de Bruno Schulz. Le film se passe dans un sanatorium où le héros va rendre visite à son père, qui est mort dans son pays d'origine mais encore vivant dans ce lieu où le temps est décalé. Vraiment bizarre de le regarder à côté de Pierre étendu dans son lit, d'autant qu'ils 'agit d'un parcours onirique à travers les souvenirs de l'auteur, donc un itinéraire en zig-zag dans la mémoire. Souvenirs et Alzheimer réunis : le destin a le sens de l'ironie.

dimanche 16 mai 2010

Des nouvelles

Cela fait presque deux mois que je n'ai pas blogué. Bien des raisons à cela - beaucoup de travail, surtout, mais aussi des problèmes de santé de Pierre, mon homme poilu. Il a quand même 79 ans et la maladie d'Alzheimer, ce qui ne lui facilite pas la vie, comme on peut s'en douter, et à moi non plus par voie de conséquence. En ce moment, il à l'hôpital, dont il devrait revenir demain dans le cadre d'une hospitalisation à domicile. Cela m'a amené à faire un grand ménage et à jeter pas mal de choses qui encombraient l'appartement depuis des années. Dire qu'il a fallu ça pour que je secoue ma flemme !