mercredi 1 mai 2013

Il arrive que Donald ne casse pas trois pattes à un canard (mais il arrive aussi que si)


Quand on traduit, et donc que l'on lit, beaucoup de BD Disney, comme c'est mon cas, on est bien forcé de constater que tout n'est pas du même niveau. Des milliers, des dizaines de milliers de BD ont été produites depuis les années 1930 avec Mickey, Donald, Picsou et les autres, mais tout n'est pas mémorable, loin de là. Il faut bien remplir les pages de tous ces hebdomadaires, mensuels et trimestriels. Alors, dans l'exercice de mon métier, je me retrouve parfois - heureusement, pas souvent - à traduire des BD d'une bêtise absolue, d'une invraisemblance totale, des bandes aux scénarios tellement mauvais qu'elles n'auraient même pas fait rire Charlie Schlingo au quatre-vint-quatorzième degré. 
Il n'y a pas longtemps, j'ai traduit une histoire qui semblait avoir été écrite par un gamin de six ans où Donald, rendu amnésique par un coup sur la tête, se prenait pour un marin et s'embarquait sur un bateau dont l'équipage le prenait pour un vieux loup de mer. Tous les personnages censés être des adultes se comportaient comme des enfants crédules et naïfs. Il suffisait à Donald de dénoncer ses neveux, partis à sa poursuite, comme de dangereux pirates, pour que tout le monde le croie sur parole. 
En ce moment, je suis sur une histoire où Picsou se retrouve en prison parce que les Rapetou ont cambriolé une banque en s'aidant de Donald déguisé en Picsou (et convaincu par eux qu'il tournait un film). Ce genre de scénario donne un sens nouveau à l'expression "tiré par les cheveux". 
Et en même temps, la revue qui publie ces niaiseries a également au sommaire de très bonnes bandes, comme Doubleduck (Donald agent secret), une série d'épisodes scandinaves où les Castors Juniors voyagent dans le temps (dessinés par le très bon Alrid Midthun) et une version de Dracula avec Mickey, Minnie et compagnie dans les rôles principaux.
Et pour dire que je ne tombe pas que sur des navets : il me reste à traduire une histoire courte où Donald reçoit une carte de crédit et se met à dépenser sans compter, juste avant que Picsou ne ferme l'usine de margarine où il travaille pour faire produire moins cher à l'étranger. Le dessin est de Vicar, dessinateur argentin récemment décédé, qui était alors au summum de la loufoquerie graphique, et le scénario d'un certain Gaute Moe, auteur de BD norvégien qui, d'après l'encyclopédie INDUCKS, travaillerait à temps partiel comme conducteur de tram. À paraître dans quelques mois dans Super Picsou Géant n°177 et chaudement recommandé.

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